Il paraît que l’humain a de plus en plus besoin de sensations fortes pour épiloguer sa vie, une sorte de dépassement de soi dans le confort routinier de son quotidien.
L’humain restant un grand enfant, c’est souvent en vacances qu’il essaie des sensations nouvelles ou qu’il est prêt à affronter les dures réalités d’une flore excessive ou d’une faune vicieuse.
C’est en le faisant et plus tard en le racontant, qu’il devient pour lui et ses semblables un sorte de Robinson surdimensionné ou de Philléas Fogg de l’impossible.
De plus en plus de destinations ont compris que ce qui intéressait cette frange de la population touristique résidait dans le superlatif des émotions, qu’elles soient réelles ou fictives.
Ceci emmène le voyageur et son amazone aux 4 coins du globe, avec comme référence l’inédit, le sensationnel, le bizarre. Plonger avec les requins, surfer entre les icebergs, chasser le buffle et swinger sur les volcans font partie des dérives proposées. Voici un tour d’horizon de quelques points de chute, avec ou sans filet.
HAWAII : Des volcans qui font danser
Si Hawaii est surtout connu pour le surf et des plages mythiques remplies de japonais, ce jardin tropical est investi de nombreux volcans et dérivés du centre de la terre qui attirent chaque année de plus en plus de visiteurs. Une légende Naga dit qu’un jour, les dieux un peu désabusés créèrent les volcans pour que les humains n’oublient jamais que la vie est en eux, belle, explosive et insoumise. Depuis 86 et sans discontinuer, le volcan Kilauea laisse couler de son flanc 500 000 mètres cubes de magma par jour. On est d’abord fasciné par le spectacle, mais on est également surpris par la chaleur qui se dégage sous nos pieds. Cela nous oblige à faire de petits pas secs et rapides ou de faire les pointes. Cela veut dire que c’est un véritable ballet de danseurs et danseuses qui fréquentent ce volcan. On prend une photo et on saute. On tourne quelques images et on s’écarte. Et on est fasciné par ces cascades incandescentes qui explosent dans la mer, mariage sacré de l’eau et du feu. Autre pas de deux, celui que l’on fait aux abords du Pu’u O’o, là où ce lac de lave peut avoir l’idée de se vidanger. Une sorte de lessive apocalyptique qui atteint les 1300 degrés de température. C’est également à Hawaii que se cache la plus fantastique coulée sous-lavique du monde. Un tunnel de lave de 22 kilomètres de long. Pour celles et ceux que les laves agacent, ils auront la possibilité de danser toutes les nuits au rythme des différents observatoires astronomiques qui coiffent le Mauna Kea, la plus haute montagne de la terre : 9200 mètres depuis le fond de l’océan jusqu’à son sommet. On y observe les étoiles avec des chants maoris et au son des yuku-lélé.
AUSTRALIE : SUIVEZ LE GUIDE ABORIGÈNE
Découvrir les milliers d’oiseaux qui fréquentent le bush, reconnaître la différence entre un galop de chevaux sauvages ou de buffles, écouter les légendes qui fréquentent la forêt avec des esprits qui ne sont pas prêts à négocier, se baigner dans des piscines naturelles où le serpent sait nager et découvrir des grottes ornées de fresques datant de 27 000 ans, c’est possible, mais c’est loin. En Australie exactement, en dehors des circuits touristiques, au cœur de la Terre d’Arnehm, dans le Camp Bodeidei. Nous sommes à 300 kilomètres de la plus proche ville, Katherine et le lieu d’hébergement comprend huit tentes avec draps et couette, restaurant sous toile décoré par les aborigènes et une douche qui est plus ou moins chaude. Les guides sont aborigènes, la structure européenne et on peut chasser le buffle comme on chasse l’orignal ou le caribou. C’est à dire qu’il faut de la patience et le sens de la visée entre les yeux, seul véritable endroit tendre chez ce quadrupède fait de cuir et porteur d’un très mauvais caractère. Marches titanesques à travers le bush ou randonnées en 4×4, les kangourous sont loin et les koalas absents. Grande récompense nocturne; se tenir allongé dans sa tente et contempler les étoiles australes.
GROENLAND : JOUER AVEC LES ICEBERGS
C’est simple; on emprunte un kayak de quelques 5 mètres de long sur 1 m de large. On y entasse matériel de couchage, quelques vivres et des sacs étanches. C’est le seul véritable moyen de se faufiler sans portage entre les icebergs, névés et autres glaces bleutées qui fréquentent le littoral du sud de l’île. On remonte le fjord d’Erik, on passe Niaqornaq où les inuits attendent de faire un bivouac avant de naviguer vers Narsaq où les inuits attendent de vendre leur artisanat pour atteindre Qagssiarssuk, surtout connu dans le coin pour ses vestiges vikings. Cela se fait surtout en été de la mi-juin à la mi-août, la où la température oscille entre 5 et 20 degrés. On y pêche la truite, le saumon ou le cabillaud, selon l’état de la météo. Quand on en a assez de se promener sur l’eau, ou peut se reposer sur une toundra côtière semée de lichens, plantée de saules et d’aulnes. Car si le Groenland, plus grand île du monde, est située aux confins de l’Atlantique Nord, son Grand Sud reste la région la plus douce de l’Arctique. À part quelques inuits désabusés, les dérives nautiques sont ardemment suivies par des couples de phoques qui n’arrêtent pas de s’aimer sur des rochers anonymes.
MADAGASCAR : JOUER AU CRO-MAGNON
Une semaine à marcher entre vase et argile. On traverse des villages accueillants (heureusement) et on découvre à une travers une flore et une faune extravagantes, les méandres de la forêt tropicale humide. La nourriture proposée va du boa en début de règne au cricket en fin de tournée. On y apprend comment utiliser certains bois pour la construction du foyer nocturne, comment construire un abri sans se faire bouffer par un prédateur, reconnaître les insectes et les plantes comestibles. On finit cette randonnée de l’extrême par une marche de 20 kilomètres dans la savane aride, autour du lac Kinkoni, où l’on apprend à pêcher des poissons qui sont aussi laids qu’ils sont bons et à traquer le crocodile, ce qui peut toujours servir en cas de besoin, si l’on se réfère à une nouvelle paire de chaussures ou à une table d’hôte copieusement aménagée. Pour le côté facile et reposant, on se prend d’amitié pour des lémuriens, des potamochères et des oiseaux moqueurs. On aime également passer une nuit à Antananarivo, là où l’hôtel même modeste est une véritable récompense. Le guide est formel : cette randonnée est l’art de vivre de l’homme de Cro-Magnon.
AFRIQUE DU SUD : REQUINS À TRAVERS LA CAGE.
On savait le requin peu enclin à commencer une conversation doucereuse au milieu des vagues. Ce que je ne savais pas, c’est que le requin attaque très rarement lors de sa première visite. En Afrique du sud, on a résolu le problème du droit de visite, puisqu’on a installé sous l’eau des cages en fer, avec des barreaux propres à décourager le plus féroce de ces rois des mers. Muni de bouteilles et d’une combinaison lestée de plomb, on reste de longues minutes avant que les premières dents apparaissent. C’est alors que le vidéo ou l’appareil photo waterproof font leur œuvre. Souvent agacé et rarement sympathisant, le requin veut vous faire la peau. C’est le moment choisi pour cadrer la mâchoire, cadrer l’œil vicieux, et cerner la nageoire. Les résultats photographiques sont hallucinants. C’est aux environs du Cap, près de Dyer Island, dans la région de l’Overberg que se font ces maoeuvres. Pour faire dans le requin, mais également dans le dauphin et dans le poisson tropical, les sites de Alliwal Shaals et Protea Banks sont fort courus. Et comme disait Alexandre Vialatte, philosophe et grand coquin, le bonheur passe aussi par le requin.
On peut également jouer à l’homme qui murmurait à l’oreille des ours dans les Carpates en Roumanie, suivre la route du sel à Djibouti, jouer les caravaniers dans le désert tunisien ou apprendre à se pendre aux arbres comme les singes araignées au Costa Rica.
Partez à l’aventure et découvrir de nouveaux horizons !